Rosa-Ann - Beauty is that which is simultaneously attractive and sublime.

Fille d’une famille bourgeoise de Londres, Rosa-Ann s’est découverte très tôt un goût prononcé pour l’éloquence et la verve dramatique, décuplée par son apparence affriolante et son charisme suave. Et cette apparence qui lui valait un tel succès n'accentuait que plus ses excès en matière de badinage et de décadence. Tant et si bien qu'elle fut répudiée par ses proches, à cause de sa vocation pour le théâtre, les représentations scéniques, son intérêt pour les dramaturges et les proses théâtrales. Elle quitta Londres avec une troupe de théâtre locale, vers Paris.

Livrée à elle-même, Rosa-Ann renoua sans vergogne avec la bourgeoisie locale en reprenant ce que fut son existence avant sa lubie d’artiste. Dépouillée pourtant de tout statut social, elle s’ingénia à construire une nouvelle existence, parée uniquement de ses robes et de sa digne et majestueuse allure. Parmi les rentières et les bourgeoises qui trouvèrent en elle une femme de compagnie instruite dans les arts des lettres et de la prose comme du théâtre, elle batifolait toujours plus haut dans les cercles sociaux, se délectant des manigances et des jeux de séduction pour arriver à ses fins, jusqu'à s’approprier une cour de prétendants grisés par son charme, sa subtilité et ses appâts grandiloquents.

En conspiratrice sensuelle, elle se complaisait autant à jouer les pudibondes qu’à exhiber ses fiers et enchanteurs atours, tant et si bien qu’elle ne se contenta pas d’un seul mariage. Bien des réputations furent ruinées, des hommes saignèrent et se battirent pour son cœur et son corps, jusqu’à être trois fois mariée, et plus riche qu’elle ne l’a jamais été. Par ces subtiles manigances, sa réputation n’en fit pourtant que croitre, livrée, dit-on, à la malchance de sa splendeur, au point que nul n’en vienne à la considérer fautive de ses pathétiques adultères.

Ceci jusqu'à attirer l’attention d'un illustre Damné du Clan Toréador, et son entourage, qui grandement s’amusèrent des frasques de Rosa-Ann. Cela devint jeu parmi les Divas de Paris que de se divertir aux dépends de celle qui fut surnommée bien jeune la "Veuve Noire", devenant ses muses, pour pousser toujours plus la jeune femme dans les abimes de la débauche et des conspirations sociales. Observateur et lui-même adulateur d’un tel talent de comédienne, ce Toréador, nommé Adrian, comblé par sa fascination pour la capacité de Rosa-Ann à jouer de tous les codes sociaux pour arriver à ses fins, et son naturel en matière de séduction et de sensualité, la gratifia de l’Etreinte.

Encouragée par son Sire, qui lui enseigna les arts de la lame autant que sa perception de l'immoralité comme de la dépravation, elle poursuivit ses œuvres, continua à se divertir de ses jeux, de chasser parmi les Nantis et Fortunés de la ville, aspirant leur Sang autant que leur Âme, brisant des cœurs, noyant de larmes des épouses bafouées, et s’entoura comme elle le désirait, au comble de la félicité, du luxe et de l’opulence. Plus encore, elle put s’amuser à changer de rôles et de personnalités, poussant le vice jusqu’à aller se divertir parmi la plèbe et les gens du commun, occultant pour quelques nuits les cercles sociaux les plus prestigieux pour se pavaner en roturière insolente et indécente, en catin dépravée à la recherche de sensations torrides, se délectant de ce plaisir à détruire des existences, à encourager des rumeurs, à se vautrer dans les plus indécentes concupiscences, à tous les niveaux.

Mais son entrainement ne se limita pas à cela. Danse, gymnastique et arts martiaux, tout ceci était pour son Sire un condensé de techniques par lesquelles le corps devenait plus intimement lié à la volonté, et, de fait, considérablement plus dangereux. Car à d'autres desseins, Rosa-Ann devait se dévouer... L'espionnage et l'assassinat de cibles désignées par la prépotence de celui qui lui a offert l'éternité. Avec le temps, sa capacité à transformer le meurtre en une forme de magnifique chorégraphie, aussi sensuelle que létale, lui valut une forme de renommée parmi ses Semblables... Après tout, ses talents et son charme lui ouvrirent bien des portes. Elle se fit espionne glamour pour le compte d'Adrian et ses pairs, en infiltrant de nombreux milieux en se complaisant à recueillir des informations et les livrer à ses maîtres.

Pourtant, vint le temps où sa Communauté finit par se lasser de Rosa-Ann, et ses outrages répétés à la bienséance et la décence, qu’elle jubilait à exprimer en fonction de ses lubies. Lorsque le talent de la jeune femme devint si chaotique qu’elle-même s’ennuyait de ces visages trop connus, de ces murmures pompeux, et de ces rires qui se gaussaient et persiflaient sur tout et n’importe quoi, elle s’éloigna de Paris, pour voyager jusqu'à l'Empire de Russie en passant par celui de Prusse, et reprendre ses œuvres au cœur de la société la plus évoluée du monde. Elle rejoignit plusieurs cours et cénacles, affutant sans vergogne ses relations et penchants équivoques, marquées par l’excellence et l’éloquence sous de nouveaux sommets, que seuls ces aristocrates éternels peuvent atteindre.

Son coeur l'appelait là où les mœurs se délitaient dans la débauche et d'éclatants tapages nocturnes. Elle revint à Londres pendant un temps, avant de rejoindre les Amériques durant leur "âge d'or", qu'elle traverse au gré des perspectives. Toujours, Rosa-Ann se complait à valoriser l’apparence et les mondanités dans un cadre glamour et sensuel, se désintéressant de tout Mortel ou Damné qui ne s’adonne pas aux complaisances de la séduction et des manières subtiles. Et si charme et complaisance accompagnent le verbe cérébral et spirituel, elle n'en demeure pas moins, depuis toujours, celle qui préside la destinée et les opportunités de toutes celles et ceux qui s'associent à la luxure et la débauche là où son désir s'en mêle. Car cette Diva se veut Mécène de beautés prometteuses et d'artistes qui s'ignorent, qu'elle façonne selon ses standards et perspectives et aide par son financement et ses conseils en échange de divertissement et de sang.

Ses batifolages nocturnes en tant que gérante d'un bordel pour hommes d'affaires et nantis lui ouvrir des perspectives distrayantes. Elle se découvrit un goût singulier pour mâter ses interlocuteurs, hommes ou femmes. Derrière ce qui était un bordel snobinard de New York, se dissimulait des séances sado-masochistes "Punish and Judy" appréciées de l'élite de la société. Par ce biais, elle s'ingénia aussi consciencieusement à manipuler les carrières de ses protégés, se livrant sans complexe et sans commune mesure aux basses œuvres d'espionnage, de manipulation, et même de meurtres, toujours dans son intérêt premier, accordant volontiers son aide pour l'élimination des concurrents qui la menacent. Mais l'ombre du Sabbat n'était jamais loin et elle préféra délaisser les périls d'une existence sycophante pour une nouvelle vie de plaisirs et de fantaisies.

Sa route l'amène finalement à la cité d’Émeraude sur la côte pacifique des USA, Seattle, ou comme elle aime l’appeler elle-même par un autre de ses surnoms, "Queen City". Elle s'y présenta à la fin des années 80, comme toujours portée par ses pulsions et son aptitude très personnelle à profiter de plaisirs charnels avec un ou plusieurs partenaires anormalement enthousiastes, exaltés par sa splendeur, son charisme et ses ressources. Papillonnant entre ses réseaux mondains et plébéien, Rosa-Ann présenta le visage d'une femme à plusieurs facettes, comme elle l'a toujours fait depuis son Étreinte.

Usant et abusant de ses accès et précieuses relations, entretenues par ses méthodes et attentions sensuelles et sexuelles, la Diva se plait maintenant dans son rôle de riche rentière propriétaire de la marque de mode alternative "Andromeda Clothing" et du scandaleux nightclub "House of Pandora", qu'elle fait ouvrir en mars 1994 par un de ses Servants, producteur de film pornographique en le soutenant comme "associée". Ce lieu de divertissement gagna rapidement la réputation de lieu de débauche, car malgré le strict "dress code" imposé (fetish, latex, cuir, kinky, glamour et gothique), ses clients et habitués (incluant hétérosexuels et membres de la communauté LGBT+) peuvent avoir des rapports sexuels ouvertement et sans retenue au sein de l'établissement.

Elle s'était mise au préalable à fréquenter les milieux de bel esprit de Seattle, plus frivole et insouciante que jamais, prompt qui plus est à initier ses proies aux joies canailles et futiles d'intenses moments sado-masochistes... Ce qui lui vaut, en vérité, un succès singulier parmi les amateurs du genre, calfeutrant bourgeois, sommités comme prolétaires, aux prosaïques dépendances aux vices et perversités qu'elle se complait à déployer pour sa plus grande satisfaction. Elle y gagna au niveau de la fréquentation de son établissement comme de la consommation compulsive des tenues et accessoires de sa marque. Hédoniste jusqu’au bout des ongles, la Diva se livrait encore et toujours sans hésiter à ses passions, ne connaissait pas d’autre façon de vivre que l’excès, son existence devenue un tourbillon décadent d’actions et de sensations.

Quant à la vie politique de la nuit de Seattle, la Diva s'y attaqua avec son éloquence enjôleuse et son originalité esthétique sans commune mesure, en se présentant comme une Prima Donna digne de ce nom, en tant que voix, inspiration et étincelle de la pensée hégémonique de la Tour d'Ivoire. Elle s'assura une place de choix au sein du Clan de la Rose, par son goût immodéré pour la beauté superficielle, mais aussi en s'assurant de ne commettre aucun faux-pas dans la Danse Macabre à laquelle elle excelle depuis des lustres, sous l'égide d'autres Semblables.

Quant à ses faits d'arme, la Prima Rosa ne s'en vante guère. Rumeurs, médisance et délation sillonnèrent son ouvrage, en tant que sycophante des nuits débridées, et maîtresse des passions de nombreux individus, elle appréhenda de nombreuses informations, qu'elle ne manqua pas, dans un élan de mansuétude et de grandeur d'âme, à partager avec les autorités de la Communauté, et en particulier les Prévôts en pleine investigation sur les exactions d'individus aussi déments qu'impitoyables. Après tout, les boucheries et les actes terroristes nuisent à la quiétude de ses nuits, et elle n'aime guère mettre sa non-vie en péril. D'ailleurs, plus d'une fois, son aptitude à se dérober face au danger grâce à sa célérité surhumaine puis de plier bagage lorsqu'elle sent le roussi lui ont sauvé la mise.

Seattle reste maintenant le théâtre de sa Danse Macabre, et ce n'est pas un Elysium en flammes ni des fanatiques du culte de la mort du Sabbat qui l'empêcheront d'aimer le pouvoir, l'argent et la concupiscence, ni d'encenser l'hédonisme dans lequel elle se complait nuit après nuit. Le nouveau Prince, du Clan des Sorciers, qui plus est, est le champion des Anciens et de l'Ordre Établi, dit-on, fervent défenseur des valeurs de la Camarilla et antagoniste assumé de l’Épée de Caïn et ses méfaits. Que demander de plus, pour continuer à onduler au sein de la Tour d'Ivoire et s'y complaire au gré de ses envies ?

La nuit fatidique de l'incendie et de l'attaque de l'Elysium par ces émeutiers fanatiques du Sabbat, il n'y eut pas que le Prince qui succomba ou se volatilisa. Le Primogène Toréador aussi fut dénombré parmi les victimes. Dès lors, ce poste fut confié à la Prima Donna Rosa-Ann, du fait de son influence comme de son tempérament, sans oublier l'importance de son estimable existence.

Depuis, Rosa-Ann captive la Cour du Prince ainsi que ses illustres inféodés en tant que Primogène du Clan Toreador de Seattle. Si la menace de l'Epée de Caïn est réelle, la Prima Rosa préfère papillonner parmi ses Semblables, et élaborer plus encore ce nid de népotisme et de commerce de faveurs, plus que jamais enjouée à la perspective de rappeler au Prince l'omniprésence du Clan de la Rose comme veiller à la stabilité de la Praxis, amoureuse qu'elle est de sa non-vie avec une ferveur quasi-obsessionnelle....

La beauté est pouvoir dit-elle... Charme inégalé et bénévolence mutine accompagnent le verbe cérébral et spirituel de Lady Eden Rosa-Ann Jensen, Prima Rosa du Clan Toréador, qui n'en demeure pas moins, depuis bien des années, celle qui préside la destinée et les opportunités de toutes celles et ceux qui s'associent à la luxure et la débauche, pour son plus grand plaisir...